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Séminaire de sociopoétique 2023-2024

Publié le 8 septembre 2023 Mis à jour le 1 décembre 2023
Date
Le 02 octobre 2023 De 17:30 à 19:30
Le 16 octobre 2023 De 17:30 à 19:30
Le 22 janvier 2024 De 17:30 à 19:30
Le 11 mars 2024 De 17:30 à 19:30
Le 03 avril 2024 De 17:30 à 19:30
Lieu(x)
Maison de la vie étudiante / Campus des Cézeaux
Amphi 219 et Amphi 220

Responsables scientifiques : Françoise Le Borgne et Alain Montandon

Programme :  « Intégrer/quitter la communauté »
 

Lundi 2 octobre 2023 amphi 219

Alain Montandon (CELIS/IUF) :

« La petite ville (Picard, Kotzebue et Gogol) »

L’arrivée d’étrangers dans une petite ville de province est l’occasion de porter un regard critique sur le fonctionnement d’une communauté à travers des ressorts dramatiques aussi variés que plaisants. C’est ainsi que Picard publie sa comédie en 1801, tandis que Kotzebue publie la sienne en Allemagne une année plus tard. Ces deux hommes de théâtre furent des créateurs extrêmement prolifiques et célèbres en leur temps et ces deux comédies qui connurent un très vif succès par les caractères et les intrigues représentant un tableau moral et social très vivant des mœurs provinciales françaises et allemandes. Le thème lui-même inspira Gogol lors de la rédaction du Revizor.

 

Lundi 16 octobre 2023, Amphi 220

Silje Haugen Warberg (Norwegian University of Science and Technology)

« The children without stories » (« Les enfants sans histoire »)

My talk will explore questions of integration into and separation from communities through contemporary French and Norwegian texts, written from a parent or sibling perspective, about a family member with a neurodevelopmental disorder – mostly autism and/or intellectual disability – that leaves them with little or no language. In France, these works include philosopher Elisabeth de Fontenay’s Gaspard de la nuit (2018), author and director Matthieu Mével’s Un vagabond dans la langue (2020), and author and journalist Minh Tran Huy’s Un enfant sans histoire (2022), from which I borrow my title. These texts have in common that they build on personal experiences and that they combine life writing with meta-thematical reflections on literature, art, and language. A similar current can be observed in Norwegian contemporary literature, where Tordis Ørjasæter (2021) argues that authors writing about “The Different Child” now constitute a community in themselves, built around intertextual references and common themes, in which “we are not alone”. But who, in this context, are “we”?
A comparative view of these two national-literary trends can serve to highlight similarities and differences regarding both literary developments and cultural perceptions of neurodevelopmental disorders in France and Norway. What does these texts say about the ‘different child’s’ integration into or separation from communities such as the family or society (schools, work life, institutions)? And what kind of literary or textual communities do these authors write themselves into – and out of – when they set forth to write about ‘the children without stories’?


Lundi 22 janvier 2024, Amphi 220

Mathilde Mougin (Cergy-Paris Université) :

« Le retour du guerrier :
grotesque et crise de la communauté dans Horcynus Orca de Stefano d’Arrigo »

« Ulysse est revenu, plein d’espace et de temps »
Ossip Mandelstam, traduit par Philippe Jaccottet

Horcynus Orca de Stefano d’Arrigo réécrit le retour d’Ulysse au sein de sa patrie. Dans ce roman italien paru en 1975, le marin ‘Ndrja Cambria rejoint son village sur le détroit de Messine après l’armistice du 08 septembre 1943. Le retour du guerrier est cependant problématique à deux égards : le soldat ne reconnaît plus sa communauté, en crise à cause de la guerre et de l’irruption de la modernité au sein du petit monde clos que constituait le village ; et lui-même, « revenu plein d’espace et de temps », peine à retrouver sa place auprès des siens. La réussite de la réintégration au sein de la communauté des pêcheurs dépend de trois facteurs : le rituel de salutation, la manière de nommer ce qui les environne, et les activités quotidiennes à mener. Ce sont autour de ces trois pôles que vont s’articuler distanciation et travail de reconnaissance. Dans cette communication, je me demanderai comment le grotesque, en tant que « manière différente de voir le monde » (Astruc, Le Renouveau du grotesque dans le roman du XXe siècle, p. 254), nous informe des changements traversés par l’individu et la communauté. L’enjeu est de déterminer comment, par l’écriture, réunir de nouveau la communauté dans ses pratiques.
 

Lundi 11 mars 2024, Amphi 220 :

Florence Schnebelen (université polytechnique des Hauts-de-France)

« ‘Être pour soi-même…assez’ ?
Traverser la communauté dans Niels Lyhne et Peer Gynt »

Dehors, sous la voûte brillante, parmi les hommes, on dit : « Homme, sois toi-même ! » Ici-dedans, chez nous, dans le troupeau des trolls, on dit : « Troll, sois pour toi-même…assez ».
Peer Gynt, acte II
Traverser la communauté, c’est la rejoindre puis choisir de la quitter. Cette communication souhaite interroger le double besoin de communauté et de solitude à travers deux exemples tirés du corpus scandinave de la fin du XIXe siècle : la pièce de théâtre Peer Gynt de Henrik Ibsen (1876) et le roman de l’artiste Niels Lyhne, de Jens Peter Jacobsen (1880). À travers deux genres différents, et selon des ressources littéraires qui leur sont propres, ces œuvres interrogent la place de l’individu et son autosuffisance dans une société bouleversée par l’industrialisation et l’essor du capitalisme. Face à la normalisation sociale et la tentative d’homogénéisation par l’argent et le travail, la communauté offre un refuge en même temps qu’elle manifeste une dislocation du corps social. Les héros Niels Lyhne et Peer Gynt veulent à la fois affirmer leur individualité et participer à un ensemble dans lequel ils espèrent se reconnaître. Ils traversent ainsi plusieurs communautés : celle des artistes, des athées et des amants chez Jacobsen, celle des paysans, des trolls, des commerçants et des internés chez Ibsen. Ces communautés sont autant de relais dans le parcours de formation des deux héros éponymes, qui offre une réflexion ambivalente sur la construction et la conservation de l’individu.
Le roman de Jacobsen et la pièce d’Ibsen adoptent des stratégies d’écriture voisines, qui étirent les contours du réalisme et accueillent le symbolisme (sous la forme du rêve chez Jacobsen ou du folklore fantastique chez Ibsen) pour traiter de la question existentielle dans une dimension collective. Les formes d’interactions sociales des deux personnages constituent deux initiations manquées, sans cesse répétées, qui deviennent le contenu même de leur identité. Dans l’accumulation (Ibsen) ou le dépouillement (Jacobsen), dans le cynisme tout-puissant ou l’ascétisme, ces deux itinéraires de formation interrogent à la fois le modèle social et les limites du subjectivisme.
 

Mercredi 3 avril 2024, Amphi 220

Bastien Mouchet (INSPé de Grenoble)

« La lassitude comme attitude réfractaire dans le polar »

Alors que les mouvements sociaux de ces dernières années redynamisent la question de la communauté, mon objectif est d’identifier différentes modalités du lien entre désobéissance individuelle et création littéraire, depuis l’arrivée du roman noir en France, en passant par le récit fantastique créole, jusqu’aux fictions contemporaines préoccupées par la question de l’émancipation. Une telle entreprise exige d’identifier les contours des figures stéréotypées du rebelle, du vagabond et du solitaire qui semblent traverser des œuvres aussi diverses que celles de Didier Daeninckx, Jean-Patrick Manchette, Albertine Sarrazin, Patrick Chamoiseau, Maryse Condé, Simone Schwarz-Bart, Mathieu Belezi, Yannick Haenel, Leslie Kaplan ou Lola Lafon, entre autres.
Ma proposition est une façon de poursuivre une réflexion autour du roman noir qui a été engagée en octobre 2022 à l’occasion du colloque « Perspectives anarchisantes dans les arts et les sciences sociales » organisé par Rémi Astruc à l’université de Cergy-Pontoise. Ma communication, qui devrait être publiée cet automne, avait pour titre : « Comment écrire l’histoire des rebelles ? L’exemple du Roman noir de l’Histoire de Didier Daeninckx ». Cette fois-ci, il s’agit d’essayer de comprendre en quoi le motif de l’ennui peut générer, dans le polar, un désir de quitter la communauté et d’adopter un comportement ouvertement réfractaire.