L’anachronisme comme rupture épistémologique : enjeux esthétiques et méthodologiques
Programme MSH : 2017-2018

Longtemps considéré comme la plus grave des fautes qui puisse être commise par un historien (FEBVRE, 1942), l’anachronisme a commencé à être réévalué durant les dernières décennies, rupture d’ordre épistémologique qu’il conviendrait d’examiner. Sa dimension heuristique permettant de problématiser l’histoire (LORAUX, 1993), il a été hissé au rang d’outil d’analyse de l’oeuvre d’art – où l’on décèle volontiers un « montage » de temps hétérogènes (DIDI-HUBERMAN) -, et perçu aussi bien comme une « catégorie littéraire universelle » (LUZZI, 2009) que comme un « lieu commun » où se rencontrent études littéraires, histoire de l’art (GUIDÉE, 2011), philologie (Anachronies) et « sciences de la culture » (LAY BRANDER, 2011). Notre projet vise à approfondir cette réflexion, à travers une démarche qui convoque les études littéraires, l’histoire et la théorie des arts et de l’architecture, en considérant que l’anachronisme ne constitue pas seulement un outil permettant de décrire certaines modalités de réception des oeuvres et qu’il peut surgir dès le moment de la création. Comment analyser les décalages temporels suscités par des choix esthétiques et idéologiques considérés comme inactuels, ou relevant d’époques diverses ? Comment examiner l’élaboration d’oeuvres tenues pour inopportunes, le destin d’artistes dits inclassables ? En analysant la place que l’anachronisme occupe aussi bien dans l’écriture littéraire que dans la création d’oeuvres artistiques et architecturales, nous souhaitons interroger les limites des approches euchroniques – « l’artiste et son époque » –, afin de proposer des outils d’analyse de la « réhabilitation » de procédés qui, bien que considérés comme caducs (NEIVA et MONTANDON, 2014), rencontrent un présent, lorsqu’ils sont réactivés à partir d’un tout autre contexte historique et socioculturel.

Responsable scientifique du programme : Saulo NEIVA : saulo.neiva@gmail.com
Autres membres du CELIS engagés sur le programme : Alain Montandon

Mots-Clés :

  • Anachronisme, caducité, euchronisme, hétérotemporalité, rupture épistémologique

Disciplines :

  • Littérature, histoire et théorie de l’art, histoire et théorie de l’architecture


Partenaires du programme :

  • CELIS (EA 4280) – Université Clermont Auvergne
  • CHEC (EA 1001) – Université Clermont AuvergneESACM / Coopérative de Recherche
  • ENSACF
  • GRF Ressources,
  • FRAC Auvergne,
  • LLA CREATIS, EA 4152,CELEC EA 3069)

et internationaux :

  • Eberhard Karls Universität Tübingen
  • Université de Bâle
  • University College London

Manifestations organisées:

  • Colloque International : « À contretemps ? Usages et enjeux des anachronismes », les 12, 13 et 14 novembre 2018, MSH de Clermont-Ferrand. Responsable scientifique : Saulo Neiva

  • Séminaire de Recherche : « Anachronismes. Enjeux esthétiques et méthodologiques », 7-9 juin 2017, MSH de Clermont-Ferrand. Responsables scientifiques : Saulo Neiva et Alain Montandon.

  • Journée d’études : « Anachronismes contemporains », 15 juin 2016, MSH de Clermont-Ferrand. Responsables scientifiques : Saulo Neiva et Claire Gheerardyn.

  • Journée d’études : « L’Anachronisme dans la littérature de jeunesse russe », 30 novembre 2016, MSH de Clermont-Ferrand. Responsable scientifique : Katia Cennet.

Publications :

  • Alain Montandon et Saulo Neiva (dir.), Anachronismes créateurs, Clermont-Ferrand, PUBP, coll. «Littératures », 2018, 306 p.
  • Moniré Akbarpouran Khayati (éd.), publication de 7 performances différentes du cycle épique de Koroğlu, produites entre 2013-2019, URL : https://www.canal-u.tv/producteurs/msh_clermont_ferrand/anachronisme