Domicio Proença Filho, "Capitou. Mémoires posthumes"

Ouvrage publié avec le concours de la Fundação Biblioteca Nacional, du Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS, EA 4280) et de la Chaire Sá de Miranda

Et la parole est à l’accusée…

du roman Capitou, mémoires posthumes, étonnant récit d’outre-tombe, rallume la polémique sur ces femmes condamnées au silence}}

Accusée de dissimulation et d’adultère par son mari, Capitou, femme du XIXe siècle, nous confie enfin sa propre version des faits : « Il a trop duré le temps où j’ai été jugée sans aucun droit de défense ! ». Contrainte au mutisme depuis des décennies, ce personnage mythique est remis en lumière grâce au talent romanesque de Domício Proença Filho. Elle peut enfin répondre au réquisitoire accablant de son mari, Me Bento Santiago. Ce roman fait ainsi résonner une voix audacieuse, nouvelle, aux timbres à la fois classiques et contemporains, ouvrant la voie à tant de personnages féminins murées jusqu’à nos jours dans le silence de nos préjugés.
Extrait de la postface :
Dans les Mille et une nuits, pour cause d’adultère, le roi Shahryar fait exécuter sa femme et prétend que toutes les autres femmes sont perfides. Par méfiance, le roi envisage le même châtiment pour chaque femme de son royaume. La délivrance ne devient possible que grâce au talent narratif de Shéhérazade, dont la parole fait cesser le massacre.

Accusée de dissimulation et d’adultère, Capitou ne se résigne pas non plus. Elle attend toutefois des décennies après sa propre mort pour enfin briser le silence. Son geste fonde un nouveau texte, qui lui s’appuie sur une expérience de lecture – celle du roman de Machado de Assis, {Dom Casmurro} – et vise à la transmission d’un point de vue sur cette lecture.

(…)

Shéhérazade et la Capitou de ces mémoires posthumes se distinguent catégoriquement de par leur rapport - d’imminence ou de postérité - à la mort. Leurs histoires ont toutefois au moins deux éléments en commun. Elles font de la parole un outil au service de leur ténacité et de leur résistance à la menace ; comme un corollaire de ce premier point commun, et contrairement à l’histoire de Pandore (…), nos deux héroïnes finissent par ne pas être rendues « coupables du malheur », malgré la menace de leur mari.
  • Dates
    Paru le 15 mars 2017, Créé le 15 mars 2017
  • Auteur(s)
    Traduction:  Anne-Marie Quint, postface Saulo Neiva
  • Éditeur
    Paris, Envolume, coll. "Brésil", 2017, 264 p.
    ISBN 978-2-37114-051-6