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Séminaire de sociopoétique

Publié le 7 septembre 2022 Mis à jour le 7 septembre 2022
Date
Le 26 septembre 2022 De 17:30 à 19:30
Lieu(x)
MSH - 4 rue Ledru à Clermont-Ferrand
Amphi 220

Responsables scientifiques : Françoise Le Borgne et Alain Montandon

Programme

Intégrer/quitter la communauté


Lundi 26 septembre 2022
17h30-19h30


 
Conférence de Françoise Le Borgne (CELIS)
Le mirage de la communauté dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau : Saint-Preux et Clarens



Très critique à l’égard de la société moderne, qu’il juge profondément aliénante, Rousseau rêve la communauté comme une alternative idéale, permettant la réalisation des aspirations profondes de l’individu à la liberté, à la moralité et à la reconnaissance intersubjective. Dans La Nouvelle Héloïse, il fait du domaine de Clarens, où s’établissent Julie et Wolmar après leur mariage, une incarnation de ce rêve de bonheur, qu’il nous fait découvrir dans la deuxième moitié du roman par l’entremise de Saint-Preux, ancien amant de Julie et candidat à une intégration définitive dans cette société des cœurs. Mais cette intégration s’avère périlleuse : jalonnée d’épreuves initiatiques, elle n’est pas acquise lorsque, un an après l’arrivée de Saint-Preux à Clarens, le roman se clôt sur la mort de Julie. Elle-même, dans la dernière lettre qu’elle lui écrit, remet en cause le projet auquel elle n’a pourtant cessé d’œuvrer : « Nous songions à nous réunir : cette réunion n’est pas bonne ».

Cette communication se propose d’analyser sous l’angle de la sociopoétique cette impossible intégration de Saint-Preux à Clarens et ce que cette impossibilité révèle du caractère profondément ambivalent de la communauté. Pour ce faire, nous nous intéresserons aux différentes représentations de la communauté mobilisées et construites par le roman épistolaire polyphonique de Rousseau et à la nature des interactions sociales autour desquelles se noue le rapport du prosélyte à la communauté. Nous montrerons que ces représentations mettent en tension le projet rationnel orchestré par le philosophe Wolmar et la dynamique passionnelle sur laquelle repose la cohérence du groupe mais qui menace toujours d’échapper au contrôle de la raison. Jusqu’à quel point la sublimation du désir qui garantit la vie de la communauté est-elle possible ? La mort de Julie est-elle le prix à payer pour assurer la pérennité de la communauté, unie dans le culte de la défunte et le récit de sa propre fondation ?