Hommage à M. Didier Corderot



 
L'Université Clermont Auvergne a appris avec une grande tristesse le décès de notre collègue Didier Corderot, hispaniste et membre du CELIS.

Notre ami et collègue Didier Corderot, hispaniste et membre du CELIS, maître de conférences en Études hispaniques à l’INSPE, est mort brutalement et prématurément le 22 mars 2022. Pour l’Université Clermont Auvergne, pour ses collègues de l’INSPE, pour la communauté des hispanistes, tant au Département d’espagnol de l’UFR LCC qu’au niveau du CELIS, c’est un véritable choc et chacun.e ressent une immense tristesse de perdre un collègue apprécié de toutes et de tous, extrêmement agréable et cordial, joyeux, même, d'une honnêteté scrupuleuse, quelqu'un de bien. Il était responsable du parcours « Enseigner l’Espagnol » du MEEF second degré à l'INSPE et il a été un partenaire très étroit du Département d'espagnol de l’UFR LCC pendant de longues années. Sa rigueur et sa bienveillance sont unanimement reconnues par l’ensemble des étudiant.e.s et diplômé.e.s qui ont témoigné ces derniers jours.

Certifié et agrégé d’espagnol, ancien membre de l’École des Hautes Études Hispaniques et Ibériques - Casa de Velázquez de Madrid de 1996 à 1998, il a été maître de conférences entre 2002 et 2005 à l’IUFM de Martinique, puis, de 2005 à 2022, maître de conférences à l’IUFM de Clermont-Ferrand, devenu ESPE puis INSPE, au fil de ses dénominations successives.

Dans la continuité de sa thèse, soutenue à l’Université de Bourgogne en 2000 et intitulée La littérature de kiosque entre la plume et le fusil. Les formes narratives brèves pendant la guerre civile espagnole (1936-1939), ses travaux de recherche portaient sur la presse littéraire, la presse enfantine, la littérature populaire, ou encore la caricature. Il développait en France et à l’étranger son thème de recherche principal, la Guerre d'Espagne et les rapports entre la production littéraire ou iconographique et l'idéologie en publiant régulièrement en France et à l’étranger. Il s’intéressait notamment aux rapports qu’entretenaient, au cours de la Guerre civile, la littérature et l’idéologie, pour montrer que la première peut être un vecteur de la seconde, ou encore pour mesurer le degré de dévoiement de certains genres narratifs destinés à un public adulte (genres sentimental, policier, espionnage, etc.) ou juvénile. Il travaillait particulièrement, dans ce contexte, sur les publications périodiques conçues pour l’endoctrinement de la jeunesse, puis amplifia son domaine de recherche en s’intéressant également aux arts visuels (peinture, photographie, bande dessinée, caricatures). Nous relevons, parmi de nombreux autres travaux, les publications suivantes, consultables en ligne : «Tono y sus tonerías (1938). La vanguardia artística al servicio de la propaganda rebelde», Diablotexto digital n° 1, 2016, pp. 56-76  et « Les enfants de la Guerre d’Espagne ou les parcours sinueux de la mémoire », Mémoires en jeu, n° 3, décembre 2017, pp. 106-113.

En 2011, dans le cadre du programme ANR Enfance - Violence - Exil (EVE), il avait co-organisé avec Danielle Corrado, à l’INSPE, en partenariat avec le CELIS, un colloque intitulé « Enfants de la guerre d’Espagne. Expériences et représentations culturelles », consacré au sort réservé aux enfants pendant le conflit espagnol et au processus de reconstruction mémorielle les concernant. Il avait réalisé de belles publications sur la bande-dessinée et la Guerre civile, notamment, au sein du volume Viviane Alary y Michel Matly (eds.), Narrativa gráfica de la Guerra Civil: perspectivas globales y particulares, Universidad de León y EOLAS, 2020, p. 115-152, le chapitre suivant :  « La Guerra Civil española en el corazón de los tebeos falangistas (1936-1939) ».

Toujours dans le dialogue et avec une grande ouverture d’esprit, il participait ces derniers temps à différents projets d’envergure, ainsi par exemple le programme iCOn-MICS (Investigation on Comics and Graphic Novels in the Iberian Cultural Area), projet européen COST (European Cooperation in Science & Technology) porté par le CELIS, sous la responsabilité de Viviane Alary.

Ses collègues et amis de l’Université Clermont Auvergne adressent à son épouse, à ses trois enfants et à sa famille leurs plus sincères condoléances et toutes leurs amitiés face à cette si douloureuse disparition.