Responsable : Rémy Poignault

Le programme « Histoire des représentations de l’Antiquité et du Moyen Âge » a pour objectif de travailler sur les représentations de l’Antiquité par elle-même (écriture de l’histoire, interactions entre littérature et société, interprétations et réécritures du mythe par les anciens eux-mêmes…) et sur la réception de l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne et contemporaine, en mettant l’accent sur le rôle de la distance temporelle dans l’évolution des représentations.

L’empire romain au miroir du temps :


« L’empire romain au miroir du temps » : il s’agira d’étudier, plus que l’image personnelle de tel empereur, la charge symbolique et idéologique dont il est investi au fil du temps comme représentant de l’Empire romain. On s’intéressera, en particulier, à la manière dont l’Empire romain est perçu selon les époques depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne et contemporaine ; contre-exemple servant à établir par analogie un idéal de perfection pour le présent ; miroir de similitudes en raison d’une nature immuable, ou domaine du tout autre ? quelles périodes, quels empereurs sont privilégiés ? Interférences entre lecture du passé, territoire et contexte politico-culturel ? Si la littérature de création sera la cible privilégiée, on fera une large place à l’essai, au traité, au cinéma, à la peinture, à la sculpture…

On s’interrogera, par exemple, sur
- penser l’empire romain pour les Grecs de l’époque impériale
- ce que représente ce que nous appelons le Haut Empire, et plus largement, la culture classique pendant l’Antiquité tardive, en s’attachant principalement à l’œuvre de Sidoine Apollinaire, qui est au cœur d’une crise de mutation
- Roma aeterna, continuité de l’Empire romain à travers Constantinople
- miroir des princes et vies des saints. Il s’agira de mener une réflexion sur la « famille historique » (Jauss) relevant du traité d’éducation du prince et d’en analyser la continuité et les variations, depuis l’Antiquité, avec des textes comme le De clementia de Sénèque ou le Songe de Scipion de Cicéron, jusqu’à ces textes de références que sont le Policraticus de Jean de Salisbury et le De regimine principum de Gilles de Rome. Il conviendra notamment d’analyser comment cette catégorie textuelle a pu être intégrée, réutilisée et réinterprétée dans les textes historiques et hagiographiques des XIIe-XVe siècles composés en latin et en langue vernaculaire, parmi lesquels se distingue la Vie de saint Louis composée par Jean de Joinville au début du XIVe siècle.
- la place de la représentation de l’Empire romain par rapport à celle de la république sous la Révolution française
- les images de l’Empire romain dans l’historiographie et la réflexion modernes (Bossuet, Le Nain de Tillemont, Gibbon, Montesquieu, Diderot, Rollin, Champagny…), dans la littérature, les arts et les idéologies colonialistes, fascistes, communistes, libérales
- l’Empire romain comme idéal (« le siècle d’or des Antonins ») et comme emblème de la décadence politique et morale, du stupre des Julio-claudiens à l’empire tardif. Comment une société, un écrivain, trouvent leur reflet, leur idéal ou leur négatif dans l’empire romain par le truchement d’un empereur. César idéal, César repoussoir, César décadent, César fou, César sage, César improbable : De Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar à L’empereur d’Occident de Pierre Michon, en passant par Le songe de l’empereur. Julien l’Apostat d’André Fraigneau et l’Hélogabale de L’Agonie de Pierre Lombard ou Héliogabale ou l’anarchiste couronné d’Antonin Artaud, ou Marc Aurèle ou l’empereur de bonne volonté de Jules Romain…

Présence des mythes :


Comment l’Antiquité classique a innervé et continue à innerver la production littéraire et artistique de l’Antiquité tardive jusqu’au Moyen Âge et à l’époque moderne et contemporaine. Transmission, réécriture, continuité, rupture selon les espaces socio-culturels (Afrique vandale, Italie…) ?
- réécritures de la figure d’Iris : volume collectif coordonné par Hélène Vial (publication envisagée dans la collection « Mythographies et Sociétés » des Presses Universitaires Blaise Pascal)
- figures et voix féminines issues de l’épopée (volet de « Mythes, cultures, sociétés » coordonné, entre autres, par Hélène Vial)
- présence des mythes médiévaux (mythe tristanien dans les manuscrits occitans…)
- la figure du perdant en littérature, de l’Antiquité au XXIe siècle (projet coordonné par Hélène Vial, pouvant constituer un séminaire transversal du CELIS)

Manifestations déjà prévues :
28-29 septembre 2017 : « Mémoires de Trajan, mémoires d’Hadrien », colloque international pluridisciplinaire à l’Université de Lille 3, en collaboration avec le laboratoire « Histoire, archéologie et littérature des mondes anciens » (HALMA, UMR 8164, CNRS-Université de Lille SHS-Lille 3), l’unité de recherche « Histoire, langues, littérature et interculturel » (HLLI, EA 4030). Organisateurs : Stéphane Benoist (histoire romaine, Université de Lille-SHS Lille 3), Alban Gautier (histoire médiévale, Université du Littoral Côte d’Opale, Boulogne-sur-Mer), Christine Hoët-Van Cauwenberghe (histoire romaine, Université de Lille-SHS Lille 3), Rémy Poignault (littérature, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand).
Journées d’études, suivies d’un colloque en 2018 « Deux mille ans de présence d’Ovide » (R. Poignault, H. Vial)