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"Les Métamorphoses" d'Ovide (4/4) / Une aventure du corps

Publié le 27 mars 2017 Mis à jour le 24 janvier 2019
Date(s)

le 30 mars 2017

France Culture
Émission : «Les chemins de la philosophie»
Durée : 53 min.

Pour écouter l’émission, cliquez sur ce lien : « Les chemins de la philosophie »



Suite et fin du parcours dans ce monde du mouvement, parmi les corps changeants, en compagnie d’Hélène Vial

Myrrha, figure tragique en proie à un amour incestueux pour son père, termine métamorphosée en un arbre enfantant une progéniture honteuse. C'est l'histoire d’un corps souffrant et jouisseur, torturé par une passion interdite et dévorante, récit à la fois terrifiant et fascinant. Les Métamorphoses, ce sont les péripéties des corps, du grouillement des humains trop humains, des mortels aux corps torturés, démembrés, mais aussi ludiques et sexués.

Le texte du jour

« Assurément, dit Jupiter à Junon, vous ressentez bien plus profondément le plaisir que le sexe masculin ». Elle le nie. Ils conviennent de consulter le docte Tirésias ; car il connaissait les plaisirs des deux sexes; un jour que deux grands serpents s’accouplaient dans une verte forêt, il les avait frappés d’un coup de bâton ; alors (ô prodige!) d’homme il devint femme et le resta pendant sept automnes ; au huitième, il les revit : « Si les coups que vous recevez, leur dit-il ont assez de pouvoir pour changer le sexe de celui qui vous les donne, aujourd’hui encore je vais vous frapper ». Il frappe les deux serpents ; aussitôt il reprend sa forme première et son aspect naturel. Donc, pris pour arbitre dans ce plaisant débat, il confirme l’avis de Jupiter ; la fille de Saturne en ayant éprouvé, à ce qu’on assure, un dépit excessif, sans rapport avec la cause, condamna les yeux de son juge à une nuit éternelle. Mais le père tout-puissant (car aucun dieu n’a le droit d’anéantir l’ouvrage d’un autre dieu), en échange de la lumière qui lui avait été ravie, lui accorda le don de connaître l’avenir et allégea sa peine par cet honneur. »

- Ovide, Les Métamorphoses, trad. Georges Lafaye, (Gallimard/ Folio Classique, 1992) p.116-117.